L’innovation sociale au service du bien-être et … de la performance

27 novembre 2014

Le 25 novembre dernier, nous étions au Parlement des Entrepreneurs d’Avenir à Lyon.

L’occasion de prendre la température de ce méta-réseau de réseaux qui allie groupes, PME et TPE actives en région Rhône-Alpes. Et l’occasion d’en savoir plus sur leurs préoccupations en termes d’innovation.

Le thème « Mieux innover pour transformer la société » a été balayé à travers les questions d’innovations technologiques, de financement, de management, de coopération avec les sociétés civiles,…et de façon plus globale sur les questions de progrès technologique, humain, et social.

Cette journée a fait résonance avec notre croyance, à l’Institut Concerto,  en un lien de causalité entre bien-être et performance des organisations.

Nous avons particulièrement apprécié les interventions du philosophe Patrick Viveret, et les échanges sur le débat : « Comment libérer l’humain pour mieux innover ?».

 

UNE INNOVATION, DES INNOVATIONS

L’intérêt de cette journée a été de sortir de l’innovation produit et de l’innovation marketing, pour aller plus loin vers des innovations managériales et d’organisation. Un parti pris qui permet de sortir du prisme hégémonique du digital. Et oui il n’y a pas que des start-ups qui innovent aujourd’hui !

La notion de stress au travail a été abordée. Et notamment du passage de la croyance en un stress « levier » pour mettre en mouvement les collaborateurs, à une prise de conscience de ses limites. Il a sans doute fallu connaître des excès pour remettre en question cette idée ou, tout au moins la nuancer.

Dominique Steiler, Directeur de la Chaire Mindfulness de L’EM de Grenoble, nous invite ainsi à changer de paradigme et à instaurer un cadre suffisamment sécurisé pour libérer la créativité des collaborateurs. Ce changement demandera du temps, du courage, il demandera d’être ferme et bienveillant : « Etre aussi doux que possible, aussi ferme que nécessaire ».

Laure Brahami, Chargée de Mission à la DIRECTTE Rhône-Alpes s’est intéressée à la question du lien entre Bien-être et Performance Economique. Elle a dressé une enquête qualitative à partir d’entretiens menés de 2012 à 2013 auprès de chefs d’entreprise. Trois mécanismes semblent ainsi relier bien-être et performance économique : l’amélioration de l’engagement des salariés, l’instauration d’un fonctionnement propice à l’innovation et la diminution de l’absentéisme et du turn-over.

Les entretiens avec les entreprises ont permis d’identifier un certain nombre d’éléments utiles voire indispensable de prendre en compte dans le cadre d’une démarche de bien-être :

  • Avoir un projet pour l’entreprise et le partager
  • Se rassembler autour de valeurs
  • Répondre aux besoins fondamentaux
  • Favoriser l’autonomie à tous les échelons
  • Permettre à chacun de mieux se connaitre
  • Connaitre et gérer les talents
  • Repenser la gouvernance et le dialogue social

C’est sur dernier aspect d’organisation que l’exemple donné par Laurence Ruffin a été enrichissant. En effet, les membres de la société informatique Alma, ont choisi le statut et l’organisation originale de la Scop. Dans ce modèle, chaque nouveau candidat rencontre l’ensemble des membres, chaque salarié devient au bout d’un an d’ancienneté associé. L’information économique et sociale est transparente et transmise à tous. Les managers sont automatiquement validés et évalués par leurs équipes.

 

INNOVATION ET SENS

La question de l’innovation et du sens peut être scindée en deux approches.

Dans la première, certains entrepreneurs font le choix de se lancer dans une activité qui fait sens. Sens pour eux, sens pour leurs collaborateurs, et sens pour leurs clients. C’est par exemple le cas de Patricia Gros-Micol, qui a fait le choix de lancer avec Handishare une activité de solutions tertiaires à distance en embauchant uniquement des salariés en situation de handicap. L’idée est de proposer un service payant à ses clients, qui remette à l’emploi des salariés souvent en reconversion professionnelle issus de professions initiales diverses avec un niveau de qualification souvent faible.

Dans la deuxième approche, se pose la question du sens que prennent ces innovations. Elles viennent en déplacement ou en rupture de schémas classiques. Elles amènent une réelle métamorphose selon Patrick Viveret.

 

Le philosophe et activiste en profite pour aller plus loin et réquisitionne la question de la valeur. L’objectif est-il d’augmenter uniquement le chiffre d’affaire, les fonds de roulement, les marges ?

Vraisemblablement, non. Patrick Viveret avance la notion de vivant, la question de l’environnement et de l’humain, et propose que de nouveaux indicateurs soient intégrés dans les outils de pilotage de l’entreprise, vers une nouvelle « comptabilité bénéfique ».

Pour aller plus loin :

-article « Les trois règles de l’innovation »

– Etude Bien-être et Performance économique – le sens et la  reconnaissance au cœur de la performance – Laure Brahimi (DIRECCTE Rhône-Alpes, juin 2014)

Chaire Mindfullness, bien-être au travail et paix économique de l’école de Management de Grenoble

– Les storifys : résumés de la journée en tweets

– 21 janvier 2015 : Rencontre avec Patrick Viveret et l’association SOL France, partenaire de l’Institut Concerto

Handishare

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